Le 12 mars, six jeunes hommes, dont le principal mis en cause connu sous le nom de “Pirate”, comparaîtront devant le tribunal correctionnel d’Evry (mise à jour : l'audience a été reportée au 30 avril). Ils auraient participé à l’exploitation sexuelle de plusieurs jeunes filles, dont certaines mineures. Les faits se seraient déroulés principalement en Ile-de-France et à Annecy, entre les mois de mai et juin 2020. Ils auraient été révélés grâce à la dénonciation d’une jeune femme majeure, qui a indiqué se livrer à la prostitution aux côtés d’autres victimes mineures.
L’enquête aurait mis en évidence le rôle de proxénète du dénommé “Pirate”, ainsi que son implication dans la gestion logistique du réseau. Il aurait notamment géré les annonces sur les sites “Sexmodel” et “Wannonce”, ainsi que les locations d’appartements ou de chambres d’hôtel dans lesquels se seraient déroulés les faits, en plus du domicile des clients où les rendez-vous auraient été organisés. Les victimes seraient toujours surveillées par des individus en charge de leur “sécurité”. Ils assureraient notamment l’accueil des clients en se positionnant à l'entrée de l’escalier desservant la chambre d'hôtel. Le réseau ainsi organisé démontrerait une logistique de grande ampleur, encadrant strictement les faits et gestes des victimes exploitées. Chacun aurait eu un rôle spécifique dans le réseau, l’un se chargeant de recruter les filles, un autre s’occupant de la location d’appartements et de chambres d’hôtel, tandis que les autres géraient les clients.
Par un jugement en date du 13 juin 2023, le Tribunal pour enfants avait reconnu la culpabilité d’un des mis en cause, mineur au moment des faits, pour des faits de proxénétisme qui a, entre autres, été condamné à 10 mois de prison avec deux ans de sursis probatoire.
Notre analyse :
Cette affaire interroge sur la capacité des proxénètes à fonctionner en réseaux organisés et structurés. Elle révèle comment ces réseaux se forment et prospèrent en exploitant la vulnérabilité des victimes, notamment des mineur.e.s, tout en adoptant une organisation quasi professionnelle qui leur permet d’échapper aux autorités et de poursuivre leurs activités. Cette situation met en évidence l'urgence d'une vigilance renforcée face à cette criminalité de plus en plus sophistiquée, afin d’éviter que d’autres victimes ne soient exploitées. Enfin, le jeune âge des mis en cause alarme sur l'insuffisance d’éducation des jeunes sur les questions des violences sexuelles. Il apparaît, dès lors, très urgent de repenser les interventions proposées dans les établissements scolaires sur ce sujet.
L’ACPE s’est constituée partie civile dès 2020 dans cette affaire. L’association est représentée par Me Boutron-Marmion et Me Martins, dans le cadre de son partenariat avec l’Alliance des Avocats pour les Droits de l’Homme (AADH).
Contacts presse :
ACPE : 01 40 26 91 51 - juridique@acpe-asso.org - rp@acpe-asso.org - www.acpe-asso.org
Me Boutron-Marmion : 01 86 95 14 20 - ppbm@boutron-marmion.com
Me Martins : am@boutron-marmion.com
Comentarios