Un article du Parisien datant du 23 février 2018 aborde le phénomène croissant de la prostitution des mineurs. Le guide pratique à l’attention des professionnels que l’ACPE a édité y est mentionné comme référence.
Seine-et-Marne : les cas d’adolescentes prostituées explosent
|Marine Legrand|23 février 2018, 11h42|11
Les affaires de prostitution de mineures sont en forte hausse en Seine-et-Marne depuis un an. La police vient de créer un tract de prévention pour les hôteliers. La justice, elle, fait preuve de fermeté.
Chelles, Pontault-Combault, Savigny-le-Temple, Vert-Saint-Denis, Torcy, Nanteuil-lès-Meaux… Les affaires de prostitution de mineures se multiplient en Seine-et-Marne et touchent désormais aussi bien le nord que le sud du département. « Nous sommes passés de deux cas en 2016 à six en 2017 et déjà quatre en janvier 2018 », constate le commissaire Stéphane Blin, patron de la Sûreté départementale (SD), chargée de contrer le phénomène.
Des adolescentes prises au piège. Le profil des victimes est presque toujours le même : « Des filles jeunes, de 13 à 17 ans, fragiles, déscolarisées, quasiment toujours en fugue, venant de grande banlieue ou de province et consentantes au début, attirées par le gain financier à la clé », décrit Stéphane Blin. « Le problème est qu’elles ne sont pas conscientes d’être victimes. Elles refusent donc de témoigner auprès de la police, ajoute Dominique Laurens, la procureure de Meaux. Elles veulent surtout gagner de l’argent facile pour s’offrir des robes, des téléphones portables… » « Naïves car très jeunes, elles ne voient pas le mal dans ces actes sexuels tarifés, résume le policier. Or, elles sont bien victimes, exploitées ; leurs agissements auront des répercussions psychologiques dans leur vie future. »
Tout passe par Internet. Les proxénètes recrutent souvent leurs proies via les réseaux sociaux. « Ils mettent ensuite leurs photos sur des sites Web de rencontre ou d’annonce, explique Stéphane Blin. Et ils réservent les chambres d’hôtel sur Internet, pour être discrets. »
Des proxénètes de cité issus du trafic de drogue. Les mis en cause aussi ont un profil commun : des trafiquants de drogue issus de quartiers sensibles. « Ils se reconvertissent dans le trafic d’êtres humains, moins dangereux mais autant lucratif, confie Dominique Laurens. Ils font parfois tomber leurs victimes dans la consommation de drogue pour leur faire tenir la cadence. » « Ces adolescentes ont beaucoup de mal à sortir de leurs griffes ensuite : ils ne les lâchent pas, les harcèlent, les menacent. Ce sont des hommes malsains, de vrais délinquants. D’ailleurs, nous avons eu six cas où ils séquestraient les filles. »
Police et justice réagissent. Désormais, tous les cas de prostitution de mineures sont centralisés à la SD et non plus laissés aux commissariats locaux. Les parquets de Meaux et Melun assurent des poursuites sévères pour les proxénètes arrêtés : prison ferme en cas de procès, détention provisoire lors d’ouverture d’information judiciaire… La police va distribuer une plaquette aux hôteliers pour les sensibiliser (lire encadré). « Et nous allons lancer un partenariat avec l’association Le Nid pour accompagner les victimes ensuite », annonce la procureure de Meaux.
Conférence « Comment identifier et prévenir la prostitution des mineures en France ? » le 9 mars, à 19 h 30, par Agir contre la prostitution des enfants, au Millénaire, place du 19-Mars-1962, à Savigny-le-Temple. Gratuit.
Les hôteliers incités à prévenir la police. Les adolescentes effectuent souvent leurs passes dans des hôtels peu chers « ayant un accès direct aux chambres, via l’escalier de secours par exemple, sans vidéosurveillance », détaille le commissaire Blin, patron de la Sûreté départementale de Seine-et-Marne.
La SD a finalisé cette semaine un flyer qu’elle distribuera aux hôteliers du département : conseils pour repérer cette clientèle de prostituées (nombreux allers-retours dans les chambres, réservations suspectes sans bagage pour plusieurs jours, demander une carte d’identité et des cautions élevées…), se protéger (éclairage intense, vidéoprotection…), etc. « Fermer les yeux sur la prostitution hôtelière, c’est porter atteinte à la réputation de votre établissement, accepter l’exploitation sexuelle de femmes, contribuer à la prolifération de réseaux mafieux et s’exposer à des poursuites pénales », résume la plaquette.
« C’est l’omerta sur ce sujet chez les hôteliers car ce phénomène nous perturbe énormément, confie Jean-Marc Banquet d’Orx, président de l’Union des métiers et industries de l’hôtellerie (UMIH) 77. Nous aurions aimé être contactés pour élaborer ce document, pour vérifier si ses conseils sont réalistes et pour le relayer à nos hôteliers. Par exemple, demander à l’unique personne présente dans ces hôtels de vérifier l’identité d’un client suspect est délicat selon moi. »
Ado prostituée : reconnaître les signes. L’association Agir contre la prostitution des enfants alerte sur l’accumulation de signes qui peuvent identifier une mineure risquant de se prostituer : changement brutal de comportement, déscolarisation, fugues de plus en plus longues, usage intensif des moyens de communication, relations amoureuses insolites (avec des personnes plus âgées, très riches, les hébergeant…), objets ou cadeaux de provenance incertaine ou inexpliquée et train de vie onéreux.
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