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Article La Croix – Information judiciaire « Vivastreet »

Prostitution, un site dans le viseur de la justice

Emmanuelle Lucas, publié le 31 mai 2018

Une information judiciaire pour « proxénétisme aggravé » a été ouverte contre un site Internet de petites annonces.


Que reproche-t-on au site Vivastreet ?

Poids lourd du secteur avec 35 millions de visites par mois, Vivastreet propose toutes sortes de petites annonces gratuites : maisons, emplois, objets divers et variés. À côté de cette activité tout ce qu’il y a de légale, il présente aussi une rubrique pour adultes appelée « rencontres 18 + ». Mais les rencontres recouvrent en réalité toutes sortes d’offres de sexe tarifé, mises en lignes par des personnes parfois très jeunes.


Il y a un an et demi, le Mouvement du Nid a porté plainte contre le site qu’il accuse, via cette rubrique pour adultes, de se livrer à un proxénétisme qui ne dit pas son nom. Après enquête, le parquet de Paris vient d’ouvrir une information judiciaire contre X pour « proxénétisme aggravé ». Une décision que salue le Nid. « Il est indispensable de renforcer la lutte contre les proxénètes qui mettent en relation les prostituées et les clients, explique Sandrine Goldschmidt, chargée de la communication du Nid. Or, clairement, les sites Internet deviennent les premiers agents de mise en relation. Nous voulons que la justice le reconnaisse. »


La prostitution sur Internet est-elle fréquente ?

Ces dernières années, la prostitution a changé de visage. Celles qui s’y adonnent ont massivement quitté les trottoirs de villes. Une étude récente du Nid montre ainsi que dans 62 %, des cas, elles sont désormais mises en relation avec leurs clients via Internet. Elles les rencontrent ensuite dans des hôtels ou des appartements parfois loués en quelques clics sur Airbnb. Ce serait notamment le cas des plus jeunes d’entre elles, les adolescentes. Ce phénomène mal connu faute de chiffres officiels touche un nombre croissant de personnes, estime Arthur Melon, de l’Association contre la prostitution des enfants (ACPE), qui se portera partie civile au procès. « Des adolescentes parfois très jeunes, de 13-14 ans, sont recrutées par des copines. Elles acceptent de se vendre d’abord ponctuellement, pour s’acheter des vêtements ou un téléphone portable. Progressivement ensuite, elles décrochent et s’installent durablement dans la prostitution. » Il n’y a dès lors plus forcément de proxénète au sens d’une personne physique, juste des mises en relation permises par le site.


Comment mieux protéger les jeunes filles ?

Mettre un terme à l’activité de ces sites serait une nécessité absolue pour protéger les très jeunes filles, selon les associations. Pour autant, une telle mesure devrait aussi s’accompagner d’un volet plus pédagogique et d’une réflexion globale sur la culture de « l’hypersexualisation », estime de son côté la psychothérapeute Emmanuelle Piquet. « De façon effrayante, ces jeunes filles qui se prostituent ont intégré le fait d’être des objets sexuels. Elles ont intériorisé la misogynie ambiante», explique-t-elle.


Les pouvoirs publics ont pour l’instant le plus grand mal à riposter, même si des tentatives existent. Dernière en date, la loi contre les violences sexuelles et sexistes, actuellement à l’étude, entend lutter contre le harcèlement de rue et le cyberharcèlement, précisément dans l’idée d’aider les plus jeunes à ne pas tout accepter

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