Du 29 au 31 octobre, un homme comparaîtra devant la cour d'assises de Paris pour des actes de pédocriminalité qui auraient été commis en “live streaming”.
Le "live streaming" consiste pour un individu à commanditer à distance et avec des moyens numériques, des actes de violences sexuelles, généralement sur des enfants, qui seront accomplis en direct depuis l’étranger par des tiers intermédiaires. Particulièrement répandue aux Philippines, elle a pris de l’ampleur depuis la crise du Covid-19, s’étant en partie substituée à celle du tourisme sexuel.
Cet homme est ainsi accusé, entre autres, de complicité de viol et de traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle à l’égard de mineurs, de détention de contenu pédopornographique et de participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime… Il aurait ainsi, entre 2012 et 2021, pris contact avec des ressortissants philippins, sur des sites tels que Asianmodel, dans le but de leur demander de commettre des sévices sexuels sur des fillettes, âgées de 3 à 15 ans, contre rémunération. Il aurait ensuite assisté en direct aux violences commises sur les enfants au moyen de différentes plateformes de télécommunication, dont Skype. Le nombre de victimes est estimé à un millier. Ce sont les dizaines de milliers d’euros versés qui ont alerté les autorités américaines et françaises, conduisant à l’interpellation de l’accusé le 8 octobre dernier. Déjà condamné pour des faits d’agressions sexuelles ayant eu lieu en 2009, il était inscrit au “Fijais” depuis 2014. (Fichier des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes)
Notre analyse : Cette affaire, particulièrement grave et à l’ampleur internationale, illustre bien le rôle du web dans le développement et la facilitation de l’exploitation sexuelle des enfants. Dans un monde où le numérique se révèle donc au service de la pédocriminalité, cette affaire nous invite à nous interroger sur deux grandes failles :
Qu’en est-il de la responsabilisation des plateformes ayant permis l’exercice de telles pratiques, ce dans une telle profusion et durant tant d’années ; sites internet qui continuent à se faire catalyseurs d’infractions pédocriminelles et qui demeurent largement impunis.
Ensuite, et alors que la première condamnation pour des faits de « live streaming » date seulement de janvier 2020 (Tribunal correctionnel de Paris, 13 janvier 2020), il y a lieu de s’interroger sur l’inadaptation de plus en plus flagrante de la justice française à un monde d’infractions portées par un numérique qui ne l’attend pas pour évoluer.
Par ailleurs, si elle tend à améliorer la poursuite de ces infractions, la justice française semble dépassée par le volume exponentiel qu’elles représentent et se révèle incapable, pour des raisons matérielles, de faire face à ce fléau.
Au vu de la particulière gravité des faits et du nombre de victimes, l’ACPE s’est constituée partie civile. Cette participation s’inscrit dans le prolongement naturel de son rôle historique en matière de lutte contre le tourisme sexuel, et de ses missions actuelles en matière de lutte contre l’exploitation sexuelle des mineurs en France. L’association sera représentée par Me Morel dans le cadre de son partenariat avec l’Alliance des Avocats pour les Droits de l’Homme (AADH).
Contacts presse :
ACPE : 01 40 26 91 51 / juridique@acpe-asso.org / www.acpe-asso.org
Me Morel : 06 88 70 27 23 / 01 86 95 56 90 / a.morel@practice-avocats.fr
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