Marseille : Un Officier de la Brigade de Protection des Mineurs jugé pour viol et agression sexuelle sur mineur et consultation, détention, enregistrement et diffusion de contenu pédopornographique
- ACPE Association
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Du 1er au 4 septembre 2025, les juges de la Cour Criminelle des Bouches-du-Rhône, localisée à Aix-en-Provence, seront chargés de juger l’affaire concernant l’Officier de Police Judiciaire de la BPM du 3ème arrondissement de Marseille.
Les faits, dévoilés en 2020 à la suite de la découverte d’échanges inappropriés par SMS entre l’officier et un jeune placé en foyer venu déposer plainte au commissariat, ont permis de mettre en lumière de nombreuses infractions commises par ledit policier.
Ce dernier, également Président de la branche française d’une association de protection des enfants des rues aux Philippines, est aujourd’hui accusé de viol et d’agression sexuelle sur deux philippins, âgés de 12 et 15 ans au moment des faits. Ces agressions présumées auraient eu lieu en septembre 2018 alors que l’accusé était en déplacement aux Philippines dans le cadre de sa mission au sein de l'association. Il aurait profité de la situation de vulnérabilité des deux frères, mineurs isolés en situation d’errance, et leur aurait donné de la nourriture et une dizaine d’euros en échange d’actes sexuels.
Outre ces faits, cet individu est également mis en cause pour détention, enregistrement et diffusion de contenus pédopornographiques sur une période allant de 2017 à 2021. Contenus qu’il aurait obtenus suite à des connexions sur des sites du darknet, à des échanges de contenus avec d’autres individus, à des créations à l’aide d’application d’IA, ou via des sites de chat entre adolescent.e.s, mais aussi tirés, à l’insu de ses collègues, de dossiers confiés à la BPM de Marseille. Dans une procédure incidente, il a été condamné pour avoir utilisé des fichiers de Police à des fins personnelles par le Tribunal Correctionnel de Marseille le 24 septembre 2021 à 5 mois d’emprisonnement avec sursis pour détournement de la finalité d’un traitement de données à caractère personnel.
Des zones d’ombres demeurent sur le nombre de victimes, des notes rédigées par l’accusé font état de relations sexuelles avec d’autres mineur.e.s, il argue qu’il ne s’agit que de scénarios fantasmés, pas de récits de passage à l’acte.
Notre analyse :
Notre volonté de nous constituer partie civile dans cette affaire s’inscrit dans la lutte contre le tourisme sexuel portée par l’ACPE depuis sa création en 1986. Nous souhaitons poursuivre la sensibilisation du public à l’encontre des prédateurs sexuels qui se tournent vers des populations vulnérables, souvent ancrées dans la pauvreté, pour assouvir leurs paraphilies en échange de cadeaux ou de quelques euros. Malgré les évolutions législatives et l’amélioration de la coopération pénale internationale, ce phénomène est toujours en plein essor, renforcé par le tourisme de masse à travers le monde et l’utilisation des réseaux de télécommunications. Les victimes mineures en sont gravement impactées, la plupart du temps elles demeurent silencieuses, sans nom, sans visage, et sans prise en charge des traumatismes qui leurs sont infligés. Des enfants-objets à la merci d’adultes, parfaitement conscients de leurs actes, qui traversent les frontières en quête de “proies faciles” et d’impunité judiciaire.
Cette affaire fait tristement écho à d’autres faits d’actualité et met l’accent, une fois de plus, sur la nécessité d’une mise en garde sur les profils des auteurs, loin des clichés de personnages inquiétants, ils peuvent revêtir le masque de l’homme de confiance. Ici, c’est les fonctions mêmes de l’accusé, Officier de Police à la Brigade des Mineurs et Président d’une association de protection de l’enfance, qui lui ont doublement favorisé l’accès à des contenus confidentiels et de potentielles victimes, mineur.e.s vulnérables, qu’il devait initialement protéger. Caché derrière son statut, il a profité de celui-ci pour instaurer des relations de confiance avec ces jeunes adolescents, lui permettant d’échanger avec eux dans des conversations intimes tout en dissimulant les faits pendant plusieurs années.
Pour finir, nous soulignons l’importance de la présence des associations au sein de ce procès dans lequel les victimes ne peuvent malheureusement pas être présentes et se constituer partie civile.
L’ACPE sera représentée par Me Anastasia PITCHOUGUINA, dans le cadre de son partenariat avec l’Alliance des Avocats pour les Droits de l'Homme (AADH).
Contacts presse :
ACPE : 01 40 26 91 51 - juridique@acpe-asso.org - www.acpe-asso.org
Me Anastasia PITCHOUGUINA : 06 22 94 06 36 - ap@solaris-avocats.com
AADH : info@aadh.fr
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