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Deuxième volet de l’affaire “Rouen Rtail” : nouvelle audience devant le Tribunal pour Enfants de Rouen. Des mineurs accusés de participation à un réseau d’exploitation sexuelle.

Ces 26 et 27 novembre 2025, cinq individus, parmi eux, le gérant présumé de ce réseau, comparaîtront devant le Tribunal pour Enfants (TPE) de Rouen pour des faits de proxénétisme aggravé commis alors qu’ils étaient mineurs. Cette audience fait suite à la condamnation, pour les mêmes faits, de quatre individus majeurs en avril dernier. 

Cette affaire est révélée par l’une des victimes présumées, parvenue à s’échapper de l’appartement où elle était retenue contre son gré.


Au total, neuf individus ont été poursuivis pour des faits en lien avec trois réseaux de proxénétisme, opérant dans des appartements du territoire rouennais, en 2019. Six victimes ont pu être identifiées, parmi elles, figure également une jeune fille poursuivie devant le Tribunal pour Enfants pour des faits de proxénétisme.


Les jeunes femmes, majoritairement mineures, auraient été séquestrées et contraintes de se livrer à la prostitution. Le plus jeune mis en cause, “chef du réseau”, était âgé de 15 ans. Il aurait menacé de s’en prendre à elles, ainsi qu’à leurs proches, en cas de fuite ou de dénonciation. Des dettes fictives, qu’elles auraient eues à rembourser par leur activité prostitutionnelle, auraient été instituées par les proxénètes, exerçant une coercition en leur faisant consommer des stupéfiants et de l’alcool. Ils auraient, par ailleurs, manipulé des jeunes filles en fugue en leur promettant un hébergement avant de les contraindre à la prostitution, prétendant qu’elles leur étaient redevables. Les proxénètes auraient exigé que l’intégralité des gains acquis par les victimes leur soit reversée.


Notre analyse :   


Cette affaire reflète le fonctionnement des réseaux d’exploitation sexuelle des mineur.e.s et met en évidence des réalités particulièrement alarmantes : le jeune âge des victimes et des auteurs présumés. Contrairement aux représentations sociétales, les proxénètes sont très jeunes, et souvent mineurs ou très jeunes majeurs. 


On retrouve également une jeune fille qui, reconnue victime à l’audience devant le tribunal correctionnel, comparaîtra devant le TPE comme auteure. Ce double statut de victime-auteure concerne la grande majorité des femmes condamnées pour proxénétisme. Il n’est, en effet, pas rare que des mineures en situation de prostitution soient progressivement entraînées dans l’exploitation d’autres jeunes. Ces profils singuliers pourraient parfois être déclarés irresponsables pénalement, la commission d’infractions ayant été réalisée et ordonnée dans le cadre de leur exploitation. Malgré tout, cette mesure est rarement retenue par les juridictions qui sont très restrictives à l’égard de la qualification de la “contrainte”. La qualification de traite des êtres humains, rarement soulevée dans les dossiers de proxénétisme, pourrait permettre une meilleure application de cette disposition.


Cette affaire révèle aussi l’existence de réseaux bien organisés profitant de la vulnérabilité des mineures, et utilisant les stupéfiants comme moyens de recrutement, de contrôle et de soumission. Les profils des proxénètes sont souvent similaires, un passé de délinquance avec des précédentes activités en lien avec les stupéfiants et une “reconversion” dans l’exploitation sexuelle, activité plus lucrative et bien moins dangereuse. Les “marchandises” sont désormais des êtres humains qui ont souvent vécu de graves traumatismes, facilement manipulables et qui ne se reconnaissent pas victimes. 

Cela illustre, de manière préoccupante, les liens étroits entre trafic de stupéfiants et exploitation sexuelle : la drogue y apparaît, à la fois comme une monnaie d’échange et comme un moyen de domination psychologique sur les jeunes filles. Face à ce constat, il devient urgent de renforcer les dispositifs de prévention dès le collège, et d'améliorer la capacité des professionnel.le.s en contact avec les jeunes à repérer les signaux d’alerte.


L’ACPE s’est constituée partie civile dès 2020 dans cette affaire. L’association est représentée par Maître MAHE, dans le cadre de son partenariat avec l’Alliance des Avocats pour les Droits de l’Homme (AADH).


Contacts presse :


Me Delphine MAHE : 01 56 82 00 01 - dmahe@m2s-avocats.com

61/63 avenue Raymond Poincaré, 75116 Paris www.mahe-avocat.com





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