Ce 25 juin 2024, l’association ACPE a appris la fermeture du site pédocriminel Coco.gg.
Nous avons publié dans le magazine Marianne, notre tribune:
Coco.gg, c’est (c’était!) un élément malheureux du quotidien de toute association de lutte contre l’exploitation sexuelle des mineurs…
Engagés dans cette lutte depuis 1986, nous entendions parler de ce site internet au gré de nos constitutions de partie civile et au fil des accompagnements de victimes, de leurs proches et des professionnels de l’enfance.
Sans cesse, la mention de ce site et, à chaque nouvelle histoire, la constatation d’une pédocriminalité incroyablement accessible et au grand jour.
L’histoire classique parmi tant d’autres: une jeune fille de 14 ans, abordée par un adulte de 35 ans dans un lieu public, s’est vue proposer une soirée et des substances illicites. Elle l’a naïvement suivi et après quelques heures, a été informée qu’elle avait consommé beaucoup et donc leur devait de l’argent. Une simple prise de contact sur coco.gg par ses désormais proxénètes, et les premiers « clients » étaient là en une heure.
Avec le développement du numérique, l’exploitation sexuelle des mineurs a en effet opéré une métamorphose progressive; laborieuse et chronophage d'abord, la mise en place d'une exploitation sexuelle ne nécessite à présent que quelques clics.
On parle dans notre milieu d’un phénomène d’ « ubérisation ».
Coco en était l’exemple phare.
Nous en faisions la démonstration pour alerter lors de nos formations, dispensées pour les professionnels de l’enfance: un nom, un code postal et, sans rien faire de plus, des dizaines de sollicitations à caractère sexuel qui apparaissaient en quelques minutes, portées par des pseudos aux noms parlants, sans aucune modération. Suggérer notre minorité dans notre pseudo, ou l’indiquer en réponse ne limitait pas les propositions, bien au contraire…
Alors, pourquoi ce site n’a-t-il pas disparu avant? L’immatriculation était à Guernesey, la société en Bulgarie, les serveurs disséminés en Europe… il a fallu un travail important de coopération européenne des forces de l’ordre pour parvenir à cette fermeture, historique pour nous.
Nous sommes conscients qu’éteindre ce feu ne permet pas de faire disparaitre les pédocriminels qui en avaient usage et que le web regorge d’autres de ces plateformes. La poursuite des auteurs de recours à la prostitution de mineurs et donc violeurs, est un autre combat que nous menons.
En portant plainte aujourd’hui, nous espérons cependant que la qualification de proxénétisme sera retenue contre ce site internet et contre l’individu derrière lui.
Que la médiatisation d’un site proxénète soit la première étape d’une responsabilisation du monde numérique, que ces foyers de pédocriminalité ne puissent plus exister en plein jour.
Que coco, qui nous servait d’exemple de ce qu’il peut exister de pire en matière de pédocriminalité accessible, devienne par sa fermeture notre exemple de ce qu’il peut exister de mieux en matière de poursuites et d’avancée dans la protection de l’enfance.
Armelle Le Bigot-Macaux,
Présidente de l'association ACPE
Agir Contre la Prostitution des Enfants et les violences sexuelles
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